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Nicolas Vanier, grand voyageur et cinéaste


« À un moment de ma vie, j’ai eu envie de fabriquer des personnages. La fiction, c’est la continuité naturelle, dans l’écriture comme dans l’image », confie Nicolas Vanier. (Photo Éric Travers)


L’aventurier devenu réalisateur vient de sortir le roman « Poly », adapté de l’œuvre de Cécile Aubry, avant l’arrivée du film sur les écrans au mois d’octobre. Depuis une quarantaine d’années, le cinéaste alterne courses d’aventures dans le Grand Nord, et films à succès, comme « Belle et Sébastien ». Itinéraire d’un enfant doué.


L’œil est très bleu, assorti au total look jeans. Nicolas Vanier a le cheveu un peu plus blanc que sur la photo de couverture de son nouveau livre, « Poly », sorti au mois de juin aux éditions XO, mais l’allure est énergique, déterminée. Des décennies à parcourir la planète comme aventurier, avec ses chiens, puis derrière une caméra, où il s’est mué en réalisateur, qui plus est à succès.


Né sous le soleil de Dakar, il y a 58 ans, le voyageur est fasciné par l’opposé : le Pays d’en haut, le Grand Nord, le froid. C’est de là-bas qu’il vit ses aventures les plus extrêmes, les traversées avec ses chiens. Une passion qui vient de loin. « La relation à l’animal, c’est toute mon enfance, j’ai été élevé dans la ferme de mon grand-père, avec des veaux, des vaches, des cochons… Petit, j’ai été touché par la grâce de Cécile Aubry (*), et sensible à deux de ses histoires, « Belle et Sébastien » et « Poly », raconte l’aventurier, dans son bureau parisien, décoré d’affiches de films. Il décide d’adapter les histoires, d’abord comme romans puis comme films, en accord avec l’héritier de l’écrivain.


Le succès du « Dernier Trappeur »

« J’ai passé ma vie sur une selle et derrière des chiens de traîneau, à faire des documentaires ». Le cinéma est arrivé après, presque par hasard, comme une évolution : un docufiction sur Norman Winther, un trappeur, qui vit dans une cabane, avec sa compagne et ses chiens, au cœur du Yukon canadien. Vanier rencontre l’homme lors de l’un de ses périples et décide d’en faire un film, intitulé « Le Dernier Trappeur », sorti en 2004. « J’avais déjà écrit plusieurs romans et une quarantaine de documentaires et, à un moment de ma vie, j’ai eu envie de fabriquer des personnages. La fiction, c’est la continuité naturelle, dans l’écriture comme dans l’image ».

Le public adore et 2,5 millions de spectateurs se rendent en salle pour savoir comment vit l’homme du Grand Nord, fabriquant son canoë et ses raquettes et se rendant une fois l’an à la ville… « J’ai eu de la chance. Ce succès m’a donné une carte d’entrée dans le milieu et la possibilité de continuer », relate le réalisateur. Il enchaîne avec « L’école buissonnière », tournée en Sologne, sa terre natale, puis « Belle et Sébastien » et, l’année dernière, « Donne-moi des ailes », l’histoire d’un petit garçon avec des oies sauvages.

« J’adore faire du cinéma, sélectionner des équipes respectueuses des hommes et de la nature. Mais on ne me verra jamais à la remise des César et à Cannes ».

Les chasseurs, l’écologie et le Septième art

« J’adore faire du cinéma, sélectionner des équipes respectueuses des hommes et de la nature. Mais on ne me verra jamais à la remise des César et à Cannes », raconte le romancier, qui dit détester le milieu, « un monde artificiel, d’argent, de recherche de notoriété, de stars qui se croient tout permis. Sauf quelques acteurs authentiques, avec lesquels je suis devenu ami : François Cluzet ou d’autres… »


Ce père de trois enfants, aux prénoms sauvages - Mountaine, Loup et Côme - se définit davantage comme un voyageur que comme un aventurier. « Mike Horn recherche l’exploit, moi je suis amoureux de la nature et des longs voyages, j’adore m’éloigner de la civilisation des villes ». Il vit dès qu’il peut en Sologne, où il possède une maison « au milieu des bois », luttant contre les chasseurs qui s’adonnent toute l’année au ball-trap. « 15 millions d’oiseaux sont lâchés chaque année pour servir de cibles », explique cet amoureux de l’écologie, qui participe à des projets d’écoquartiers et prône une consommation plus raisonnable. Il a refusé d’entrer en politique. Mais milite à sa façon.


De la viande oui, mais une fois par semaine, et des voyages longs, plutôt que quelques jours à l’île Maurice pour jouer au golf ! « Il faut choisir, compenser, renoncer, adopter la sobriété. Ce qui ne veut pas dire tout arrêter du jour au lendemain mais faire preuve de raison ». Il s’inquiète de la crise économique post-covid qui se profile « et qui va frapper les plus petits ». Et échange avec son ami Nicolas Hulot sur l’avenir de l’écologie. « Il faut réussir à ce que tous les pays du monde s’entendent, afin d’enrayer les deux problèmes majeurs : le réchauffement climatique et les ressources ». Une conversation passionnante, gentiment abrégée d’un aimable : « Mais dites donc, c’est un livre que vous

écrivez sur moi ? » Il faut dire que dès le lendemain, Nicolas Vanier part faire les repérages de son prochain film… On parie sur une histoire d’animaux !


* Décédée en 2010, l’actrice et écrivaine Cécile Aubry est notamment connue pour avoir adapté ses romans en série télévisée dans les années 1960, dont « Poly » et « Belle et Sébastien ».

 

En complément

Elisa de Lambert est l’héroïne de « Poly », le prochain film de Nicolas Vanier.


C’est la recette de son succès. L’homme, qui se décrit comme « un aventurier du froid » est avant tout un amoureux de la nature. « La base de tous mes films, c’est la relation entre l’homme et l’animal », explique-t-il. Le Grand Nord, dans « Le dernier trappeur », la Haute Maurienne Vanoise, pour les films de « Belle et Sébastien », la Sologne pour « L’École buissonnière », la Camargue pour « Donne-moi des ailes », la vallée de la Cèze pour « Poly »… Entre deux tournages, il continue de partir en expédition, pour la Yukon Quest, soit 1 600 km avec les chiens de traîneaux, ou l’Iditarod, réputée la plus difficile au monde. Ce père de famille, qui a emmené chacun de ses trois enfants parcourir le monde, aime proposer des histoires d’enfance, où chaque évènement est une découverte initiatique. Il a lancé Félix Bossuet, le tout jeune héros de « Belle et Sébastien ».


Sa dernière pépite s’appelle Elisa de Lambert, l’héroïne de Poly. À 12 ans, la petite parisienne, passionnée de théâtre depuis toujours, crève l’écran et porte le film. Elle a été sélectionnée parmi plus de 2 500 candidatures. Amoureuse des animaux, elle a passé deux mois dans le Gard en costume d’époque, -le film se passe dans les années 60- à apprivoiser Poly, ce petit poney maltraité dans un cirque… L’avant-première du film avait lieu ce week-end à Montclus (Gard). Sortie prévue le 7 octobre, Nicolas Vanier croise les doigts. « Qui sait où nous en serons avec le virus à cette date-là ? »

 

Article paru dans Le Télégramme le 13 septembre 2020 | Voir l'article

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